1°- Des débuts très précoces
Les résistants (la résistance) s’affirme très tôt à travers l’Europe, que ce soit en Pologne, où dès octobre 1939, ils commençaient à collecter des renseignements sur l’armée allemande et à cacher des armes, que ce soit en France, où, en juin 1940 ( jour où le maréchal Pétain demanda l’armistice). Les résistants écoutaient les radios « étrangères » interdites, entonnaient des chants patriotiques français, faisaient circuler des caricatures ou les imprimaient en pochoirs sur les murs, faisaient dérailler les trains en déboulonnant les traverses, donnaient à boire aux prisonniers des convois, sabotaient les communications télégraphiques et téléphoniques, entretenaient des contacts avec des résistants de la zone libre, cachaient des drapeaux français, faisaient passer clandestinement la frontière vosgienne aux fugitifs, fabriquaient des faux papiers d’identité, ravitaillaient les maquis des Vosges ( les forêts vosgiennes cachaient des prisonniers de guerre évadés et déserteurs).
Affiche de propagande américaine anti-nazie.
2°- Des débuts très humble Comme tous ces résistants partaient de rien, ils leur faillaient partout innover, sauf en Pologne, la Belgique ou le nord de la France qui avaient déjà eu l’expérience d’une occupation étrangère en 1914-1918. Aussi les débuts étaient-ils souvent très humble : refus muets, comme le décrit Le silence de la mer, de Vescors, ou rassemblements populaires, comme à Marseille, le 27 mars 1941, devant la plaque commémorative de l’assassinat du roi de Yougoslavie qui avait déclaré la guerre au Reich. Une exécution de consignes lancées de bouche à oreille ou propagation du « V » de la victoire tracé sur les murs… Bientôt, c’était le stade de l’organisation et de la structuration, qui se traduisait par la mise sur pieds de réseaux de renseignements militaires, de publications clandestines, de filières d’évasions.
3°- Edmond Michelet Edmond Michelet distribuait des tracts reproduisant la phrase célèbre de Peguy, « Celui qui ne se rend pas à sa raison contre celui qui se rend. » que ce soit en Grèce, où 2jeunes patriotes audacieux réussissent, dans la nuit du 30 au 31 mai 1941, à décrocher l’immense drapeau à croix gammée qui flottait sur l’Acropole d’Athènes.
4°-« La main noir » (premier groups de résistants (septembre 1940)) Chef : Marcel Weinum Ils rédigeaient des tracts, multipliaient les inscriptions patriotiques, décrochaient les drapeaux, arrachaient les affiches de propagande, recouvraient de peintures bleu ; blanc ; rouge les boîtes aux lettres de la Reichspost, sabotaient les transmissions de la Wehrmacht. Le 8 mai 1941, Weinum et Albert Uhlrich détruisaient avec deux grenades la Mercedes blindée du Gauleiter Wagner, garée devant le restaurant où il déjeunait.
L’un des premier journal de résistants s’intitulait « L’Alsace, journal libre ».
LES PLANS « ACTION » A DESTINATION DE LA RÉSISTANCE
Dans l’ensemble, « l’EMFFI » et les forces de la Résistance remplirent leur rôle qui
devrait être, dès le jour « J », de harceler, fixer et retarder les unités ennemies dans
leurs mouvements. Des plans pour la mise en action de la Résistance, au moment du
débarquement, avaient été élaborés au printemps 1944 par le « BCRA », et approuvés
par « l’EMFFI » comme par l’Etat major allié.
Quatre plans principaux avaient été retenus :
. Vert (sabotages des voies ferrées),
. Violet (sabotage des lignes téléphoniques souterraines à grande distance),
. Bibendum10 (coupures de voies de communication autres que ferroviaires
notamment de 30 itinéraires routiers importants)
. Bleu (sabotage des lignes à haute tension, des voies ferrées électrifiées et des
zones côtières)
A ces plans principaux, s’en ajoutaient deux autres :
. Rouge relatif au déclenchement de la guérilla dans 6 zones peu accessibles :
Massif Central, Alpes, Pyrénées, Jura, Morvan, Vosges jouant le rôle de
« réduits »
. Caïman dans l’hypothèse d’un débarquement en Provence prévoyant la
libération du Sud-Ouest et du Sud Est par les FFI.
Trois formes de résistance
Les moyens de cette guerre souterraine sont multiples. Néanmoins, on peut esquisser trois modes d’action principaux: la résistance civile, improprement qualifiée parfois de passive; la lutte armée ou résistance militaire; la résistance humanitaire ou caritative.
1/ La résistance civile
Elle traduit le refus de la domination du vainqueur et consiste, en premier lieu, en une contre-propagande hostile à l’occupant, qui va des graffitis sur les murs et de la lacération des affiches ennemies à la fabrication et à la diffusion de publications clandestines en tout genre – tracts, journaux, caricatures, opuscules. Cette presse clandestine s’impose dès les débuts de l’Occupation dans tous les pays vaincus, afin d’y maintenir et d’y relever le moral.
Les grèves :Autres manifestations de résistance civile: les grèves, menées en dépit de la violence de la répression (l’une des plus marquantes est la grève des 22 et 23 février 1941, à Amsterdam, en signe de protestation contre les mesures antisémites et les arrestations de juifs); la non-exécution des ordres et des circulaires dans les administrations au niveau national ou local; l’infiltration de résistants dans les postes de responsabilité des différents services publics. En France est instauré le NAP, ou noyautage des administrations publiques, et le « super NAP » qui infiltre les ministères du régime de Vichy.
2/ La résistance militaire
La lutte armée celle des partisans et des saboteurs – frappe l’imagination et suscite l’admiration. Ne considérant pas la victoire finale comme acquise aux Allemands, les résistants commencent par cacher des armes et entrer en contact avec les services britanniques en attendant le jour où ils pourront constituer une armée secrète, se livrer à la guérilla sur les arrières de l’ennemi et participer par les armes à la Libération.
Espionnage et intendance :De fait, depuis Londres, les Britanniques et les gouvernements en exil envoient dans les pays occupés des agents et des techniciens radio pour recruter des volontaires qui, malgré les multiples arrestations, transmettront jusqu’à la fin de la guerre des informations capitales pour les Alliés. La plupart de ces réseaux de renseignements, premiers éléments en date de la résistance militaire, sont d’une remarquable efficacité. Les Polonais, en particulier, montrent une grande maîtrise, soit en Allemagne, où plus d’un million d’entre eux ont été requis pour travailler, soit en Pologne même, d’où ils font parvenir à Londres les premières informations sur l’arme secrète des Allemands, la fusée V1. Si les activités d’espionnage, qui débouchent sur la collecte et la transmission de renseignements concernant l’ennemi, sont essentielles, il faut parallèlement organiser des réseaux d’évasion, en particulier pour les aviateurs tombés en territoire occupé. D’où la mise sur pied de filières, telles que Comète, dirigée de Belgique par une femme, Andrée De Jongh – l’une des très rares femmes chefs de réseaux de la Résistance –, ou Pat O?Leary (pseudonyme du médecin belge Albert Guérisse), qui se chargent de fournir des vêtements civils, des faux papiers, des cartes à ces rescapés (en général totalement ignorants de la langue du pays) et qui les convoient jusqu’à la frontière espagnole.
Attentats et représailles : Dans le même temps, attentats et sabotages se multiplient dans toute l’Europe, obligeant les Allemands à vivre en état d’alerte permanente. Cependant, comme les occupants ripostent, sur l’ordre de Hitler, par des représailles sauvages et massives, la politique des attentats est l’objet de vives controverses, tant parmi les résistants qu’à Londres. En URSS, on multiplie les attaques systématiques contre les militaires allemands, malgré la répression meurtrière dont les populations civiles font les frais, car les Soviétiques estiment que ces vengeances de l’ennemi, qui sont disproportionnées, augmentent la haine contre les envahisseurs et renforcent les rangs des partisans. En France, les attentats se multiplient à partir de 1943: le maréchal von Rundstedt échappe de peu à la mort en août. Le rôle militaire de la Résistance va s’accroître. Les premiers parachutages d’armes ont lieu dans le Cantal à la fin de 1943. Des maquis s’organisent, notamment en montagne. Celui du Vercors est anéanti du 21 au 27 juillet 1944. Ceux d’Alsace ont pour but essentiel de faire passer en Suisse des réfractaires à l’enrôlement dans la Wehrmacht ou la SS. Face à ces actions militaires, Jodl, adjoint de Keitel, commandant suprême des armées d’occupation, indique que « des mesures collectives contre les habitants de villages entiers, y compris l’incendie […] doivent être ordonnées exclusivement par les commandants de division ou les chefs des SS et de la police » (6 mai 1944). Quelques semaines plus tard, la répression s’aggrave encore: « Il est à remarquer qu’on n’agit jamais assez durement. Il ne faut pas avoir peur de fusillades, pendaisons et incendies de maisons » (ordre du 27 août 1944). Les attentats n’épargnent pas les collaborateurs: certains sont condamnés à mort depuis Londres par la cour martiale de la Résistance; Philippe Henriot est abattu par des officiers de la Résistance en mission le 28 juin 1944; des membres du parti populaire français de Doriot sont exécutés.
3/ La résistance caritative
Cette forme de résistance se donne pour mission de venir en aide aux persécutés et d’apporter secours et protection aux diverses catégories de victimes: en premier lieu les juifs, mais aussi les familles de résistants arrêtés et déportés. Elle leur fournit de l’argent, des hébergements, des «planques», des vêtements, des cartes d’alimentation.
De véritables laboratoires de faux papiers sont organisés; des prêtres délivrent de faux certificats de baptême; des homes d’enfants arrachent à la mort des milliers de victimes potentielles. On met également sur pied des filières de médecins exerçant clandestinement au profit de juifs camouflés, de résistants blessés ou malades, tel le groupe Medisch Contact aux Pays-Bas. L’aide aux juifs mobilise beaucoup de personnes, en particulier les Églises chrétiennes, qui participent largement à cet effort de sauvetage et élèvent parfois des protestations publiques contre les persécutions: on peut citer les lettres pastorales du Synode général de l’Église réformée de Hollande, en septembre 1941; celles d’évêques catholiques français au cours de l’été 1942; et les proclamations de résistance spirituelle de
l’Église luthérienne de Norvège.