Comment communiquait-on ? (moyens de communications)

Définition : . « Communiquer », c’est d’abord le fait de parler et de correspondre avec  quelqu’un, d’entretenir une forme de relation. Mais c’est aussi transmettre et diffuser des  informations. Les rapports humains et les moyens techniques sont donc à placer sur un même registre. On communique avec des personnes et grâce à des outils.

• Les premières difficultés liées à la guerre. Communiquer devient très difficile après la défaite de la France en juin 1940. Le pays est divisé en deux zones, séparé par une ligne de démarcation. Les premières semaines, le courrier ne circule pas et aucun franchissement de la ligne n’est autorisé. Des familles entières sont séparées, privées de nouvelles. Par la suite, ces mesures s’assouplissent mais il est délicat de se voir (sauf à obtenir rarement un laissez-passer) et de communiquer. Le trafic des marchandises, les échanges et les transferts de fonds sont suspendus.L’occupant et « l’Etat français » détiennent le monopole de la parole. Faire entendre une parole différente est donc, une condition pour développer l’esprit de résistance et organiser la lutte du peuple français pour sa libération.

Correspondre. Le courrier est le seul véritable mode de correspondance entre les personnes. Le télégramme est aussi utilisé et permet de réduire le délai de transmission des informations par rapport aux lettres. Le téléphone reste rare dans les foyers français car il est onéreux. La population connaît donc des outils très éloignés des moyens de communication instantanés d’aujourd’hui.

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Le règne de la presse écrite. La télévision et les journaux télévisés n’existant pas, la presse est le principal mode d’information. Son impact est considérable sur l’opinion publique ; la presse locale influence particulièrement la vision des événements. En Haute-Garonne, le quotidien le plus important est La Dépêche (260 000 exemplaires tirés en 1936).

. La presse clandestine Par exemple, aux Pays-Bas, où les opérations militaires n’ont duré que quatre jours – du 10 au 14 mai 1940 –, le Geuzenactie, modeste feuille ronéotypée, paraît dès le 15 mai; en France, Jean Texcier publie ses Conseils à l’occupé dès le 14 juillet 1940. En l’espace de cinq ans, des millions de journaux sortent des imprimeries clandestines, poursuivant partout les mêmes objectifs: révéler les horreurs du nazisme, stimuler les tièdes, encourager les sympathisants, soutenir les combattants, développer chez les occupés, une hostilité systématique envers les nazis. D’ailleurs, plusieurs des mouvements importants de résistance sont nés autour de journaux clandestins. Franc-Tireur tirera à 165 000 exemplaires en utilisant douze imprimeurs successifs; Combat consomme chaque mois trois tonnes de papier; Jean Paulhan fonde avec Jacques Decour, qui sera fusillé par les nazis, les Lettres françaises; Marc Bloch met sa plume au service de l’antinazisme.Le poids de la presse clandestine est d’un autre ordre. Elaborée sur le terrain, expression directe de la variété des situations et de la diversité des opinions, elle dénonce, elle argumente en temps réel au plus près des problèmes de la population. Signe visible de la Résistance, la parole clandestine mobilise et recrute chaque jour de nouveaux combattants. Nombre des Mouvements de résistance des plus importants naissent autour d’un journal clandestin, tels « Défense de la France » ou »Combat ».

La masse et la variété de la presse clandestine sont une des originalités de la Résistance française : plus de 1200 titres de journaux clandestins tirés à près de 100 millions d’exemplaires pendant les 4 ans d’occupation, sans compter les centaines de milliers de tracts, de papillons, de brochures, d’affichettes ou les inscriptions murales.

Pour autant, la parution d’une feuille clandestine se heurte à des difficultés matérielles considérables. Les matériaux et les machines nécessaires à la fabrication sont rares et contingentés ; leur vente est étroitement surveillée par la police. Ceux-ci en outre doivent être camouflés dans des « planques » sûres. Les premiers procédés d’édition sont très simples : souvent le texte est écrit à la main, tapé à la machine ou polycopié en quelques exemplaires qu’on fait circuler. Cependant deux procédés sont particulièrement utilisés dans la production clandestine. L’imprimerie ronéo : de petites dimensions, ces machines s’installent sur une table et fonctionnent à la main. Le tirage peut atteindre les 700 à 800 exemplaires à l’heure. L’imprimerie typographique : seule celle-ci est capable d’effectuer les tirages de masse. L’importance de la répression est à la mesure du rôle essentiel de la parole clandestine. Les pertes subies, par ceux qui font vivre la presse clandestine pendant 4 ans, sont très lourdes, impossibles à chiffrer : combien de dactylos, de « tireurs » à la ronéo, de transporteurs, de distributeurs… Les travailleurs de l’imprimerie, maîtres et ouvriers, sont très durement touchés. Sur 1200 travailleurs du livre résistants, 400 ont été tués, exécutés ou déportés.

Quel que soit le procédé de fabrication employé, il faut donc du courage, de la ténacité, de l’ingéniosité, mais aussi l’établissement de tout un réseau de complicités, s’étendant au – delà du groupement clandestin liant le journal.

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Le pouvoir de la radio. La radio est l’autre grand moyen d’information à l’époque. Son pouvoir est grandissant. Toutefois, posséder un poste de T.S.F. (Transmission Sans Fil) n’est pas évident : l’objet coûte très cher, peu de foyers en sont équipés. Il y a alors entre 5 et 6 millions de postes pour 40 millions de Français. Quand certains résistants voulaient faire passer des messages à la radio, ils utilisaient des codes, des messages codés qu’ils connaissaient tous entre eux. Beaucoup de résistants écoutaient donc discrètement la radio pour recevoir, des ordres ou apprendre des nouvelles Mais cette méthode restait une des seules capables matériellement de toucher l’ensemble de la population française, la radio peut combattre l’ennemi à armes presque égales. C’est justement grâce à la radio que la plupart des français entendent les appels du général de Gaulle en juin 1940.  Dès la mi-juillet 1940, quotidiennement, on peut entendre à la BBC deux émissions françaises, « Honneur et Patrie » et « Les Français parlent aux Français ».

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Les tracts.Un tract est un texte ou une publicité sur papier qui est utilisé comme outil de propagande et arme psychologique pendant la Seconde Guerre mondiale et qui est distribué de la main à la main dans des lieux publics par des personnes employées à cette tâche ou agissant par militantisme  afin de faire passer des idées.Le tract a pour but de communiquer un maximum d’informations pertinentes à un maximum de gens présents dans un lieu donné. Le tract peut être « artisanal », dans le cas d’une action directe par exemple, imprimé et rédigé avec les moyens du bord, ou dans le cadre d’une organisation plus importante, avec une meilleure qualité, en couleurs et sur un support plus solide, dans ce cas on peut avoir la présence de professionels. Pour résister au nazisme et à Vichy, les résistants créaient des tracts pour alerter la population et la convaincre de la légitimité de leur combat. La difusion de tracts entraîne une arrestation immédiate et lourdes de conséquences.

. Les graffiti.Les graffiti existent depuis plusieurs années et peuvent aller de simples marques à des peintures  élaborées sur différents supports.
Le graffiti urbain, fait son apparation durant les guerres et lors de révolutions. Ils expriment en général un cri revendicateur, une colère, une opposition, ou alors une manière d’afficher ses couleurs pour des peuples n’ayant souvent pas le droit à la parole.

. Le télégraphe. L’histoire des télécommunications, après l’utilisation de moyens primitifs, commence avec les premiers services postaux organisés, le développement du télégraphe, du téléphone, des communications sans fil puis numériques. C’est sans doute un des domaines où la technologie a évolué le plus rapidement. Le premier télégraphe était optique et totalement manuel. À la fin du XVIIIe siècle, les premiers usages du télégraphe de Chappe servait à la communication militaire. Les messages pouvaient être transmis sur une longue distance par l’intermédiaire de relais espacés d’une dizaine de kilomètres et situés sur des hauteurs. Le télégraphe fut le seul moyen de communication entre la Résistance en France et le quartier général allié en Angleterre.

. Les avions, et en particulier « Le Lysander », avion anglais,qui est un des moyens principaux de liaison entre la Résistance extérieure et la Résistance intérieure.

.  Après la publication, le journal ou le tract doit être acheminé et distribué. Pour les transports à grande distance les cheminots jouent dès le début un rôle essentiel. Pour les autres liaisons et la distribution rapide à la volée dans les rues, le vélo est privilégié. Mais d’autres procédés sont utilisés pour la distribution : feuille glissée dans la boîte à lettres, sous la porte, dans le panier à provision, dans une poche ; feuille laissée sur un banc, sur une table, dans un vestiaire… Et, toujours il est demandé au lecteur de devenir lui-même diffuseur de cette feuille. Enfin, certaines publications sont parachutées par la France libre ou les Anglais. On a vu des manières insolites de se transmettre des messages,comme l’a fait Jean Moulin (connu sous le faux nom de « rex ») personnage très important de la résistance à l’aide d’une boîte d’allumettes. N’importe quel moyen de communication, tant qu’il était discret et pratique était utilisé.

B-R-E-M-M-J

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